Azzedine Alaïa est un autodidacte. Elevé dans une famille modeste, il apprend la couture avec une « petite couturière ».

Rapidement, les femmes de la bourgeoisie de Tunis s’intéressent à son travail. De rencontres en rencontres, il se liera d’amitié avec les femmes les plus chic ou les plus ardentes de Paris : Louise de Vilmorin, Arletty ou, chez les Américaines d’adoption, Greta Garbo.

« Je suis entré dans la mode par et pour le vêtement, par et pour les corps des clientes privées que j’ai touchés des doigts et non par convoitise médiatique », disait-il à Olivier Saillard lors de l’exposition qui lui était consacrée au Palais Galliera en 2013.

On dit souvent que ses créations sont des sculptures. Rien d’étonnant pour cet ancien élève des Beaux-Arts. Les cambrures et les jambes affolantes ? C’est lui. Les hanches caressées, les tailles soulignées ? Encore lui.

Alaïa façonne le cuir et le colle à la peau, fragilise la mousseline, rend vivantes les matières.

On lui reconnaît des classiques : des robes en jersey de laine avec zip métallique. Des robes bustier en organza. Une paire de gants à manchettes en volume percées d’oeillets. Et des matières : la maille jacquard de coton strech, le drap ou le crêpe de laine et le cuir, comme cette inoubliable robe en cuir incrusté de peau de crocodile.

Mais surtout, Alaïa est un homme libre. Rare créateur à ne pas travailler pour une maison historique, il connaît tous les gestes de la mode, des premiers dessins aux finitions. Il trace les patrons, dessine à même la toile, coud, sculpte les tissus.

Alaïa est un monde ; porter ses vêtements, c’est porter la liberté d’un créateur, celui qui a su créer une maison prospère selon ses idées, habillant aujourd’hui des icônes pop comme Michelle Obama. Surtout, Alaïa ose tout et n’a plus rien à prouver : son nom est une légende que l’on porte à même la peau.